Quand on est gosse, jouer à cache-cache est amusant. On se planque dans un coin et rit tout seul en voyant l’autre passer à seulement quelques mètres de vous sans se douter une seule seconde que l’autre est là, juste là… Quand on arrive à l’âge adulte par contre, c’est tout de suite beaucoup moins drôle et ça, Emily commençait à bien s’en rendre compte. Qu’avait-elle fait pour que le sort s’acharne de la sorte sur elle ? Elle s’était sortie de tout ça, elle avait abandonné sa famille, mené sa vie et s’était acharnée pour faire oublier qu’elle portait le nom de Carrow, qu’elle partageait le sang de ceux qui aujourd’hui faisaient face à un procès bien mérité pour bons et loyaux services à Voldemort… En tout honnêteté, son seul attrait pour les Forces du Mal résidait dans le fait que pour être à même de combattre quelque chose, il fallait le connaître. Vous vous voyez combattre un dragon sans jamais en avoir entendu parler une seule fois de votre vie vous ? Non. Et bien pour elle, c’était du pareil au même.

Mais non, à l’évidence mener sa vie tranquillement sans avoir à croiser la route de sa famille, c’était trop demander. Tobias était là, à Spinks. Elle aurait à la limite préféré se retrouver face à Theodose et cela pour une raison très simple : elle se fichait royalement de lui. Elle et le plus âge de ses frères n’avaient jamais été très proches. Trop différents, ils ne s’étaient jamais vraiment entendus et l’enfant joyeuse et énergique qu’était Emily l’avait toujours trouvé bien trop ennuyeux, si bien qu’elle préférait s’amuser avec Tobias, qui contrairement à leur ainé ne semblait jamais dérangé par sa présence. Tobias… Dans toute cette foutue famille de fous aux mœurs douteuses, d’accros à la magie noire, il était celui qu’elle n’avait jamais pu détester. Ca n’était pourtant pas faute d’avoir essayé. Cette situation était frustrante, à tel point qu’elle avait très légèrement les nerfs à fleur de peau ces temps-ci et

Le sort s’acharnait sur elle à tel point que plutôt que d’être restée bien tranquillement au troisième étage, là où elle avait peu de chances de le croiser, elle avait été transférée il y a quelques semaines au premier étage. Sa colocataire avait failli faire exploser toute leur chambre avec un maudit objet ramené de vacances de Noël en Espagne. Premier étage… Etage où se trouvait bien entendu aussi la chambre de son frère. Autant vous dire, donc, que chaque passage dans le long couloir relevait du parcours du combattant pour la jeune femme et cette fois-ci ne dérogea pas à la règle. Elle avait à peine commencé à s’avancer dans le corridor, son balai à la main après un petit tour sur le terrain de Quidditch libre à cette heure – elle avait eu besoin de se changer les idées – qu’elle vit la porte de la chambre de son frère s’ouvrir et sans prendre le temps de regarder s’il s’agissait de son frère ou de son colocataire, elle se précipita dans le premier couloir adjacent qu’elle trouva. Sans grande surprise, elle vit son frère passer juste devant le couloir… Et poursuivre sa route. Elle soupira de soulagement et après avoir attendu quelques secondes afin d’être sûre qu’il se soit éloigné, elle s’engagea à nouveau vers sa chambre, et entra, refermant avec soulagement la porte derrière elle… Avant de découvrir que la chambre n’était pas vide et que Darcy s’y trouvait déjà.

Sans un mot, elle se dirigea vers son lit. Elle n’avait même pas encore posé son balai au pied de son lit que déjà Darcy se levait, se dirigeant d’un pas décidé vers la porte. Emily ignorait ce qui lui prit, pourquoi aujourd’hui et pas plus tôt alors que cela faisait des semaines que Darcy l’ignorait et fuyait dès qu’Emily se trouvait dans le coin, mais la jeune Carrow fit volte face et se dirigea vers la porte alors que Darcy commençait à l’ouvrir et la claquait sans plus de cérémonie avant de s’adosser à celle-ci, croisant ses bras sur sa poitrine.

« Tu sais quoi ? J’en ai marre. » Dit-elle, rivant son regard dans celui de sa colocataire. « Vas-y, crache le morceau je t’écoute. Parce que je ne vais pas tenir jusqu’à la fin de l’année comme ça alors lance-toi, dis-moi ce que je t’ai fait, je t’écoute ! J’ai comme l’impression que ça va être drôle » Lança-t-elle d’un ton faussement enjoué. Tout ça à cause d’un foutu nom de famille... Rien d’étonnant à ce qu’elle évite de le l’utiliser quand elle le pouvait !