Un long soupir s’échappe de la bouche de Lorcan alors que la pluie commence à s’abattre sur ses épaules. Intolérante, celle-ci ne semble pas décidée à lui accorder quelques instants de répit. Pour une fois, il voulait pouvoir voler pour le plaisir. S’amuser sur un balai, cela ne lui est pas arrivé depuis tellement longtemps qu’il ne saurait plus dire quand cela était pour la dernière fois. Le cursus qu’il a choisi est une véritable contrainte à ses yeux et il lui arrive assez régulièrement de se maudire pour son choix précipité. Tout cela à cause de son frère. Ou bien… de lui ? Il ne saurait plus dire sur qui il faut rejeter la faute, tout n’est qu’un enchevêtrement de souvenirs flous, fugaces. Des souvenirs qu’il veut à tout pris oublier. Après tout, Lysander l’a dit lui-même : pourquoi se considéreraient-ils encore comme des frères, alors qu’ils n’agissent plus comme tel ? C’est stupide. Et Lorcan s’en rend compte à présent. Lui qui continuait jusqu’alors d’espérer que tout puisse revenir à la normal, que les choses puisses s’arranger ; il se sent désormais bien idiot. Son frère ne le veut pas de toute façon, le considère trop comme le grand coupable de l’histoire. Il lui en veut à la mort. Quoi que Lorcan ne saurait dire si son frère serait capable de le tuer si la possibilité lui en était donné, mais plus rien ne l’étonnerait, venant de ce monstre qu’il ne reconnait plus. Se débarrassant rapidement de ses vêtements, il tente de se vider l’esprit, laissant ses mauvais souvenirs dans ses habits de tous les jours alors qu’il espère que ses habits de Quidditch pourront lui apporter un peu de légèreté. Celle-là même qui s’insinuait en lui lorsqu’il volait auparavant sur un balai. Jetant son Nimbus sur son épaule, le jeune Scamander s’extirpe enfin des vestiaires, laissant ses affaires sur le banc. Il ne prend même pas la peine de les ranger dans son casier. A quoi bon ? Qui viendrait lui piquer ses vêtements ? Et puis, ce ne sont que des biens matériels, des choses dont il n’a pas forcément besoin. En tout cas, il ne s’agit pas de ce qu’il recherche. Car ce qu’il voulait et veut toujours, c’est Darcy. Toujours Darcy. Celle qu’il n’aura définitivement jamais, en somme. C’est pourquoi il a décidé de s’accorder un peu de temps seul, avec l’espoir que tout cela lui passe, qu’il trouve une nouvelle énergie lui permettant d’affronter la vie de tous les jours, sans avoir peur de se trouver vider.
C’est avec cette motivation en tête, qu’il atteint enfin la pelouse du terrain de Quidditch, s’avançant jusqu’au milieu de celui-ci avant d’enfourcher son balai. Un simple coup de pied contre le sol, lui suffit pour gagner le ciel et lui permettre de faire un tour du stade à basse adulte, sans réellement de vitesse. Il est là, en train de voler, comme il souhaitait tout d’abord le faire, mais le cœur n’y est pas. Il ne sait pas pourquoi il a cette perte de motivation soudaine. Sans doute parce que là où le Quidditch devait être et rester un passe-temps, il est devenu une obligation, un sport qu’il pratique presque tous les jours. Et, sincèrement, il tuerait pour pouvoir revenir en arrière et ne pas commettre cette erreur d’orientation ; sans doute l’erreur la plus stupide de sa vie. Mais alors qu’il est perdu dans ses pensées, il entend que l’on pousse la lourde porte menant en dehors des vestiaires, vers la pelouse du terrain. Il arque un sourcil, soucieux, alors qu’il se tourne pour voir qui peut bien approcher. Heureusement, alors que la personne s’élève dans les airs, venant de sa direction, il ne tarde pas à reconnaître le visage d’Alayne. Et non pas l’un de ces prétentieux qui semblent avoir créé un club de magie noire, comme il en a eu peur dans un premier temps. « Alayne ? Que fais-tu ici ? » demande-t-il à la jeune femme alors qu’il pousse son balai dans sa direction. Un sourire se dessine sur son visage alors qu’il vient se placer à côté de son amie d’enfance. Et il faut dire qu’il y a quelque chose de rassurant dans le fait de savoir que celle-ci est une née moldue ; il n’y a pas de risque qu’elle prenne part à un club de magie noire, ces idiots de descendants de mangemorts, ne l’accepterait pas parmi eux. Mais alors qu’il détaille son visage de ses prunelles, il arbore lui-même un visage plus soucieux, en oubliant presque qu’il est sur son balai pour se détendre et non pas pour continuer à se torturer ainsi l’esprit. Soudain, une intuition lui vient. « Laisse-moi deviner : Lysander ? » ose-t-il, prêt à assumer le coup de quelconques représailles venant de la jeune femme, qui peut s’avérer être très virile lorsque le besoin s’en fait sentir. Mais cela, ce n’est pas grave, dans le pire des cas. Tout ce qu’il espère, c’est que son frère ne continue pas ses imbécilités en s’en prenant à la jeune née moldue. Car il serait complètement stupide de faire une chose pareille et Lorcan aurait très certainement honte pour lui.
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