Lestrange. Les poings écarlates. Crier sa douleur, hurler à la mort, pour exprimer sa rage et pour s'envoler dans cet autre monde. Stéréotype de son imagination, il l'a créé par la force de sa pensée, et il l'a rempli de tout ce qu'il y a de plus mauvais au monde. De tout ce qui lui ressemble. Diablotin encore adolescent frappe les murs avec fureur, il ne contrôle plus rien, ça le désole. Lestrange. Le nom cogne contre ses tympans, ce râle qui le prend aux tripes et qui lui retourne le cerveau. Il n'sait même plus s'il est né dans le bonne famille. Certainement. Cette pureté l'attire, envoute sa raison, fait danser le chemin du Mal devant ses yeux. Cette attraction dangereuse. Cette chute inévitable, en sens unique. Il tombe, tombe, tombe. Il jure devant Merlin, devant Satan, qu'il se vengera. Il jure qu'ils vont souffrir. Tocard. Victime des moqueries de ses camarades, il entend des insultes et ce sont les démons de la méchanceté injustifiée qui le hantent. Il la pratique autant qu'il en est prisonnier, certes. Et ça le met hors de lui, les rôles n'ont pas le droit d'être inversés. Il est conquérant, dominant, important. Douce moquerie qui s'échappe de ses lèvres lorsqu'il se retrouve face à ces idiots qui lui crachent à la figure. Il s'en fiche, ces attaques ne l'atteignent pas. Ou du moins, il fait mine, il fait semblant. Il ment, c'est ce qu'il sait faire de mieux, après tout. Alors, quand il rentre chez lui, il s'énerve. Irrité dans sa fierté, du haut de ses quatorze ans, il cogne, il se cogne, il abime ses poings, il heurte ce qu'il lui reste d'innocence. Mais il est jeune. Il a le temps de se construire un nouvel avenir. Il a le temps pour devenir encore plus détestable. Il a le temps pour retourner sa veste et dévoiler son véritable visage. Du temps. Du temps pour exploiter cette lueur diabolique dans son regard, ce brin de cruauté qui recouvre son cœur, la noirceur de son âme, le monstre qu'il est. L'animal qui sommeille en lui. Et un jour ils verront qu'il ne faut pas se dresser contre un Lestrange.

Serpentard. La crème de la crème. Il a bien sa place parmi les ambitieux, les rusés, les manipulateurs. Son nom de famille vibre dans les cachots terrifiants de l'école de sorcellerie. Évoquer les noms de ses parents est presque devenu un crime, un sujet tabou. Qu'est donc devenue sa lignée ? Qu'ont-ils fait de cette si belle réputation d'antan ? De cette si démoniaque réputation qui lui plaisait beaucoup. Il aime qu'on le craigne dans les couloirs, qu'on lui ouvre le passage tel un prince. Roi des glaces, il a pourtant un feu ardent qui allume son regard et qui consume son cœur congelé. Mélange paradoxal des deux éléments, Hadès est explosif. Une véritable bombe à retardement pour l'instant silencieuse, mais qui sait faire parler d'elle habillement. Hadès est intelligent et personne ne l'a compris. Hadès sait ce qu'il fait, Hadès a des projets, et ils n'auront plus que ça à la bouche. Si seulement ils pouvaient s'y attendre. Si seulement ils savaient l'âme de conquérant qui sommeille en lui. Il ne souhaite absolument pas en rester à Poudlard. Conquérir le monde lui semble une idée délicieuse, les mots suaves glissent sur sa langue comme des friandises. Accompagné d'Oberyn, il sait qu'il est capable de tout. Rien ne leur fait peur, pas même leurs parents. Le feu et la glace ne font pas souvent bon ménage, et pourtant, ils forment un duo d'horreur, et pourtant, ils sont comme une incarnation du diable divisé en deux. Ce n'est que le début d'une suprématie des Lestrange.

Chiara. Il y a quelque chose d'assez amusant à la traiter comme une elfe de maison, et pourtant, son cœur se déchire à chacun de ses sanglots, à chacune de ses supplications. Il voit sa sœur lui faire du mal, et par un moyen inexplicable qui semble relever d'un miracle, ça lui fait mal à lui aussi. Qu'est-ce qui lui arrive ? Qu'est-ce donc que cet étrange creux au fond de son ventre qui est de plus en plus douloureux au fur et à mesure qu'il s'approche de la pauvre sang-impur ? Pourquoi un vil sourire se loge au coin de ses lèvres lorsqu'il la voit, autant que lorsqu'il sait qu'elle va souffrir, qu'elle va payer pour la simple et pourtant très logique -à ses yeux- raison qu'est sa naissance ? Pourquoi son regard s'allume-t-il soudain de cette lueur de curiosité mêlée à un sauvage désir, qui réveille l'animal qui sommeille en lui, qui décuple ses sens, qui fait battre son cœur bien trop rapidement à son gout, qui le met hors de lui, lorsque ses pupilles le foudroient spontanément ? Qu'est-ce qui lui arrive bordel ? Ça l'énerve. Elle l’embarrasse, faut qu'il s'en débarrasse. La seule tâche d'encre sur le parfait tableau de son existence. Ou de sa future existence. Hadès ne vit pas dans le passé, Hadès pense au futur, et à toutes les merveilleuses et démoniaques choses qu'il pourra y faire. Cette dimension temporelle l'intrigue, le fascine, d'une folie maladive ; celle des torturés, des damnés, des fous. Celle des furieux et des colériques. Cet aspect grandiose des choses, cette sur-estime de soi, c'est ce qui le caractérise, et c'est ce qui fera de lui un grand homme des Ténèbres. C'est comme s'il a déjà tout prévu. Mais elle doit quitter sa vie et son esprit. Elle doit partir. Dégage. Il veut pas d'elle, pas de cette merde qu'elle fout un peu partout chez lui. Et pourtant, à peine sort-elle de son champ de vision qu'il la cherche dans les tristes couloirs du manoir. A peine la sait-il dehors, à l'extérieur, dans ce monde de cons, dans ce monde de barbares, qu'il ressent le besoin d'aller la chercher, de la ramener, de l'enfermer, de l'accrocher contre le mur, ses murs, pour être certain qu'elle ne s'y risquera plus jamais. Un mal pour un bien. Ça le détruit, ça le consume de l'intérieur. Faut qu'il s'en débarrasse.

Magie noire. Dangereuse, imprévisible, ces maléfices attirent Hadès, le conduisent doucement vers une voix plus sombre encore, plus maléfique et diabolique encore. Magie destructrice qui s'infiltre dans ses veines, oui, elle le détruit, le consumme, à feu doux, gentiment, lentement, elle le transforme en roi des monstres, elle le métamorphose en quelque chose de plus horrible encore. Triste dénouement qui s'offre à lui, on lui prévoie un avenir dont noirceur serait le mit d'ordre, à la même manière que ses parents avant lui. Elle détruit tout ce qu'il pouvait rester de sincère et de bon chez lui, chez ce dieu de la mort au patronyme atypique et pourtant terriblement représentatif de sa personne. Magie noire est devenue sa plus fidèle alliée, et, dansant entre ses mains, sa plus dangereuse arme. Accompagnée de cette dame, de Tessa et d'Oberyn, il est persuadé qu'il fera de grandes choses. Plus que tous les mages noirs avant lui. Ils doivent triompher désormais.